Bois
peint
Jodhpur, Rajasthan, Inde du Nord
fin XIXème déb XXème
représentation de Shiva (Isar)
une statue très patiné et un visage noble très expressif
comme souvent, il manque un bras (ces statues, malmenées par le
temps et les processions, ont très fréquemment souffert et y ont,
entre autres, laissé un bras ou deux - la partie la plus exposée de
la statue)
le festival de Gengaur, qui commence 2 jours après Holi, à la
pleine lune, et dure 16 jours, est unique
dans un mélange purement indien, il mixe culte de la déesse mère
(en quelque sorte matérialisée dans la sculpture divinisée de
Gengaur), rites de réjouissances et de sexualité paiens, et
vénération hindouïste du couple originel - Shiva et Parvati
en l´honneur de Gengaur, toutes les femmes participent à cette
période de fêtes, y compris les sages épouses et les
veuves
initialement réservé aux castes supérieures (bramanes, banyas,
thakurs et rajpoutes), le culte a progressivement gagné les autres
castes
Gengaur célèbre la félicité conjugale: celle que recherchent les
jeunes filles célibataires et celle que vivent - ou espèrent encore
- les femmes mariées
Gengaur est largement diffusée et honorée dans le pays mais nulle
part ailleurs le festival ne prend une telle importance qu´à
Jodhpur et dans l´ouest du Rajasthan
il se nomme alors Dinga ("l"amusement par la ruse") Gavar
(Gengaur)
Dinga Gavar incarne une déïté populaire, joyeuse, une version
burlesque et malicieuse de son consort Isar (Shiva)
la légende veut que Shiva se soit déguisé en cordonnier pour jouer
un tour à Parvati, laquelle lui aurait ensuite rendu la monnaie de
sa pièce sous la forme d´une femme Bhil
le culte de Gengaur tourne autour des multiples processions et
chants qui célèbrent les statues de la déesse-mère
les statues d´Isar sont également vénérées mais dans une moindre
mesure (Gengaur attire à elle toute la puissance féminine durant le
festival et les statues anciennes en témoignent souvent de façon
saisissante) et l´un et l´autre sont régulièrement séparés durant
celui-ci
l´on pense qu´un homme qui s´approche de trop près des jeunes
filles et épouses qui sacrifient à Gengaur lors des processions et
reçoit un coup de baton de l´une d´elles sera bientôt - et
heureusement - marié d´où les multiples facéties et rires qui
suivent les célébrations
on offre à Gengaur bijoux et cannabis "moi"
lors des trois derniers jours, Gengaur et Isar sont couverts de
vêtements et bijoux - le cérémoniel atteint son apogée
ce culte des statues (à noter que les pièces anciennes comportent
beaucoup plus de Gengaur que d´Isar) est à rapprocher d´une
certaine manière de Mauli mata (plus axée toutefois sur la
fécondité et sur un rite cultuel nettement plus sobre et
"primitif")
certaines statues, comme celle-ci, comportent un crochet, lequel
servait à fixer la "poupée" dans son autel à l´auvent du dessus
lors des processions pour ne pas les déséquibrer
l´autre technique consiste à les "enfoncer" dans un support fleuri
mais la première technique est plus efficace et l´on voit mieux la
statue
le terme de poupée accolé aux effigies de Gengaur s´explique à la
fois par leur apparence (de fines représentations féminines et
colorées) et leur fonction: on joue avec et autour de ce jeu, on
adore la déesse
les Gengaur et Isar ont les bras replies aux avant-bras, tenus
droit devant eux comme pour recevoir les offrandes, porter les
tissus de mariage....; les traits sont délicats et les couleurs
explosent
hauteur hors socle: 29 cm
34 cm de haut
8 cm de
large
5 cm de profondeur
Frais de port : 9.6
€